Prix Alphonse-Huard
Décerné à Monsieur Ghislain Desmeules
Enseignant en mathématiques depuis vingt-cinq ans au Séminaire Marie-Reine-du-Clergé de Métabetchouan, Ghislain Desmeules s’y est signalé par ses particulières qualités de pédagogue soulignées non seulement par le Prix Fondation Asselin qui lui a été attribué en 1991, mais encore par une série de quatre prix qui lui ont été remis par la suite, aussi bien à l’échelle québécoise que canadienne : deux en 1993, un en 1994 et un autre en 1996.
L’attribution du prix Alphonse-Huard 1998 à Ghislain Desmeules veut témoigner d’une autre contribution du candidat, celle de la vulgarisation des mathématiques. En effet, parallèlement au développement d’outils propres à apprendre agréablement les mathématiques en classe, Ghislain Desmeules a multiplié les moyens de rendre les mathématiques intéressantes auprès des jeunes en dehors de la classe.
Ainsi, peut-on citer le concours Opti-Math, concours de mathématiques offert aux étudiants du secondaire depuis plus de dix ans afin qu’ils fassent part des problèmes mathématiques inventés par eux dans les domaines des énigmes et des jeux logiques, des perceptions spatiales, des nombres ainsi que de la géométrie. Ghislain Desmeules est aussi le créateur de Cubimanie, un jeu de casse-tête tridimensionnel dont les qualités ont été soulignées à l’émission Télé-Service de Radio-Québec.
Prix Fondation Asselin
Décerné à Madame Françoise Simard, Messieurs Jacques Vaillancourt et Louis Dubé
L’histoire est souvent perçue comme la longue, très longue suite des événements plus ou moins récents dans lesquels sont enracinés nos comportements. Dans un monde où le présent, voire même le futur -à tout le moins immédiat - compte bien davantage que ce qui s’est passé, même il y a peu de temps, l’histoire n’occupe pas une grande place. Bien plus, l’histoire paraît d’autant plus vieille que les méthodes pour l’enseigner en font elles-mêmes partie. À l’heure des médias, l’histoire enseignée comme un discours érudit, lettré ne passe guère. Par ailleurs, et les débats récents en éducation l’ont bien montré, l’absence d’habiletés en histoire induit chez les étudiants des difficultés majeures à saisir les causes des événements, à saisir leur portée en d’autres termes qu’immédiate.
Trois professeurs de l’École Polyvalente Dominique-Racine, Françoise Simard, Jacques Vaillancourt et Louis Dubé ont donc uni leurs efforts pour créer une classe-musée. Ainsi, au moyen d’images colligées en particulier auprès des archives nationales et d’objets traditionnels (parmi eux, une collection d’objets façonnés selon les traditions amérindiennes en collaboration avec l’Université du Québec à Chicoutimi), l’histoire des derniers cent ans du Saguenay-Lac-Saint-Jean est illustrée dans trois classes de l’École. L’histoire n’est donc plus la seule suite des événements, mais elle permet de saisir les activités quotidiennes d’autrefois par rapport à celles d’aujourd’hui.
Ce contact avec les objets du passé rend non seulement l’histoire plus accessible, plus "présente", mais rend aussi les étudiants conscients que les choses passées constituent au sens littéral du terme, un bien non-renouvelable. Cet effort pédagogique va de pair avec la mise sur pied de lieux de mise en valeur du patrimoine, de plus en plus nombreux dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Éducation et Culture se supportent donc mutuellement pour inviter les étudiants, mais aussi leurs parents et plus généralement le grand public, à prendre conscience de l’importance du patrimoine que recèle la région.
Prix Plourde-Gaudreault
Décerné à la Maison Notre-Dame du Saguenay
L’actualité quotidienne montre combien la question du cancer constitue une problématique majeure de santé pour nos sociétés vieillissantes et soumises à des transformations importantes de leur environnement. C’est dans ce contexte que s’inscrit la mission de la Maison Notre-Dame du Saguenay d’accueillir les personnes atteintes de cancer en phase terminale.
Inaugurée en 1997, la Maison Notre-Dame du Saguenay résulte de multiples démarches entreprises dès 1989 dont l’acquisition d’une maison sise sur la rue Notre-Dame à Chicoutimi en 1993. Ainsi, bien avant que le système de santé du Québec ne soit soumis aux restructurations actuelles multiples, le projet de la maison Notre-Dame du Saguenay constitua en 1989 un projet visionnaire mettant de l’avant la notion de prise en charge de la santé, non seulement par de grands organismes, mais aussi par des établissements dédiés à certains domaines spécialisés. Ainsi, une personne en phase terminale de cancer nécessite non seulement des soins médicaux palliatifs mais aussi, au moins tout autant, des soins moraux et psychologiques.
La Maison Notre-Dame du Saguenay, seule institution de ce type existant au Saguenay, en plus d’offrir le service d’allégement de douleurs physiques et morales aux personnes en phase terminale de cancer, vise aussi d’autres objectifs; ainsi offre-t-elle le service de support à la famille, un milieu d’information et de sensibilisation à propos de l’approche palliative, un milieu propice à la recherche médicale et pharmacologique.
Prix Laure-Gaudreault
Décerné à Monsieur Charles Côté
Armé d’une maîtrise en sciences sociales obtenue en 1969 à l’Université Laval, Charles Côté a enseigné pendant trois ans la méthodologie et les techniques quantitatives. Par la suite, on le retrouve à l’emploi du gouvernement fédéral comme agent de recherche. Dès 1976, au gouvernement du Québec, il sera d’abord chef du service de l’évaluation des politiques et programmes du Ministère de la santé et des services sociaux pendant dix ans et ensuite, agent de recherche au Conseil des Affaires Sociales et de la Famille pendant cinq ans. C’est en 1989 qu’il vient joindre les rangs de la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Saguenay-Lac-Saint-Jean à titre de conseiller en recherche et système d’information.
C’est donc une carrière dédiée à la recherche depuis bientôt trente ans que veut marquer l’attribution du prix Laure-Gaudreault en Sciences humaines à Charles Côté. Il dirait d’ailleurs probablement lui-même non pas une carrière de chercheur, mais plutôt une vie de trouveur. En effet, ses recherches sont toutes marquées par une orientation multidisciplinaire (démographie, économie, sociologie, anthropologie, méthodologie et techniques quantitatives et qualitatives) propre à saisir de façon globale les phénomènes sociaux. Bien plus, cette orientation vise particulièrement à fournir des outils pour rendre compte de l’inégalité du développement social ainsi que des causes apparentes à court terme mais aussi celles sous-jacentes à long terme, plus importantes, finalement, que les premières.
Pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean, les travaux de Charles Côté montrent que, si la désintégration ne semble pas encore avoir atteint le niveau observé dans la plupart des autres régions périphériques du Québec, il ne s’agit là que d’une situation déphasée par rapport à ces régions. Tôt ou tard, la combinaison de multiples facteurs systémiques, y compris l’émigration des jeunes et l’automatisation des activités de transformation primaire, ne peuvent qu’entraîner une chute démographique, causant ultimement la déstructuration du tissu social de la région. Le remède ? Une prise en charge régionale non pas dictée par les pressions induites, par les pressions extérieures aussi bien nationales qu’internationales, mais par une vision de développement propre au Saguenay-Lac-Saint-Jean.